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Jean-Christophe Bailly est écrivain. Docteur en philosophie, il a enseigné à l’École Nationale Supérieure de la Nature et du Paysage de Blois de 1997 à 2015. Il est l’auteur d’une oeuvre protéiforme, ses nombreux ouvrages se répartissant entre essais, récits, écrits sur l’art, poésie et théâtre. Parmi ses livres les plus récents : Le Dépaysement (Seuil, 2011), Le Parti pris des animaux (Bourgois, 2013), L’Élargissement du poème (Bourgois, 2015), Tuiles détachées (nlle version, Bourgois, 2018), L’imagement (Seuil, 2020), Naissance de la phrase (Nous, 2020),  Jours d’Amérique (1978-2011) (Seuil, 2021), Paris quand même (La Fabrique, 2022), L’apostrophe muette : essai sur les portraits du Fayoum (Macula, 2023).

 

Bibliographie

L'apostrophe muette. Essai sur les portraits du Fayoum

Macula, 2023

" Les vivants se découvrent, chaque fois, au midi de l'histoire. Ils sont tenus d'apprêter un repas pour le passé. L'historien est le héraut qui invite les morts au festin ", écrit Walter Benjamin. Ici, avec les portraits du Fayoum, c'est un peu comme si les morts s'invitaient d'eux-mêmes, non de façon tonitruante, mais par la seule pression de leur face. Les portraits du Fayoum nous confrontent à des visages qui nous regardent comme d'un lieu neutre qui ne serait ni la mort ni la vie, et ils le font depuis un très lointain passé qui atteint presque par miracle notre présent. La représentation d'un visage singulier est comme le calque de la singularité elle-même: singularité de chaque visage, singularité qu'il y ait ou qu'il y ait eu tous ces visages et qu'à chaque fois chacun soit ou ait été l'unique, le dernier, le seul à être ainsi, voyageant avec cette face dans la vie, expédié comme tel dans la mort. Avec l'art du Fayoum, c'est comme si la finition qui n'appartenait qu'aux dieux ou aux rois était remise à l'homme, mais en douceur et loin de toute appropriation, comme un dépôt extrêmement fin -une peau, un pigment, une carnation. Avec ces visages, quelque chose du grand songe nilotique se maintient et se met à flotter, presque hors du cadre religieux, dans une pérennité rituelle mais où le sacré -le lien de la vie à la mort -devient une sorte d'émulsion: cette lumière mate, uniforme, où s'ouvrent les grands yeux.

Paris quand même

La fabrique, 2022

Le sujet de ce livre, ce sont les atteintes dont Paris et notamment son coeur ont été victimes ces derniers temps. A la destruction systématique de quartiers entiers qui a été la marque des années 60 à 90 du siècle dernier a succédé une forme plus subtile mais qui étend son emprise au point de rendre méconnaissables des pans entiers de la ville, littéralement offerts à l'exhibition capitaliste et à la servilité qu'elle appelle.
Mais à cette ville qui est à la fois celle du pouvoir et celle qui se vend continue de s'en opposer une autre, indifférente aux formes réifiées du patrimoine, qui continue de se vivre comme le champ d'une expérimentation quotidienne. Cette lutte entre une ville prête à réciter la leçon que les "décideurs" lui imposent et une ville consciente de ce qu'elle a porté dans l'histoire et qui se réinvente à partir de ses traces, Paris quand même la décrit à travers trente-sept courts chapitres qui sont autant de promenades où, d'un quartier à un autre, d'un désastre à un miracle, l'on passe de l'effarement à la joie, de la colère à l'émerveillement, et du ton du pamphlet à la logique filée de la glissade.

En savoir plus

A (re)voir, à (ré)écouter

  • Le récit des formes - Conférence de Jean-Christophe Bailly (2019)
  •  

  • Connaissance par les traces - Conférence de Jean-Christophe Bailly (2017)
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Participations à La Manufacture d'idées

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    Le parti pris des animaux