Dialogue entre le sociologue Antonio Casilli, la chercheure Pauline Londeix et le philosophe Mathieu Potte-Bonneville
Que la vie et la maladie soient choses politiques, c’est désormais une évidence – et un mystère. Car l’invocation de la valeur absolue de la vie aura cette année justifié non pas une politique, mais une nuée d’options, de décisions parfois erratiques, de conflits et de contestations à l’échelle nationale ou internationale ; elle aura plaidé pour la mise entre parenthèses des libertés publiques, mais aussi bien relancé l’exigence de justice en faisant apparaître l’inégalité des conditions de vie. Entre dépolitisation et repolitisation, renforcement du contrôle gouvernemental et appel à un droit de regard citoyen sur les décisions sanitaires, comment entendre le lien de la politique avec la vie ? Faut-il, pour parler comme Michel Foucault, s’inquiéter du biopouvoir ou inventer face à lui une autre bio-politique ? Antonio Casilli, dont les recherches portent sur le travail des plateformes numériques, la vie privée et les libertés publiques, Pauline Londeix, co-fondatrice de l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament, et Mathieu Potte-Bonneville, spécialiste de l’oeuvre de Michel Foucault, débattront de ces questions.