À la frontière entre l’écoute du paysage, l’enregistrement de terrain et la composition contextuelle, dans la porosité proposée par une œuvre qui se frotte au réel, acteur du développement de l’art sonore en espaces libres, Stéphane Marin s’investit depuis 2002 dans des aventures artistiques in situ qui partent à la rencontre d’espaces atypiques non dédiés à la représentation. En 2008 il créé « Espaces Sonores » : une compagnie dédiée à la création sonore contextuelle et aux arts de l’écoute. Son désir d’espaces et sa pratique du sonore, le poussent aussi bien à imaginer des dispositifs et des expériences qui prennent la forme de parcours ou de siestes sonores, de marches d’écoutes « à oreilles nues » ou « augmentées », de yoga des oreilles, ou bien encore, d’installations sonores performatives architecturales. Ces dispositifs attentionnels ont été partagés aux six coins de l’Hexagone ainsi qu’à l’International (Singapour, Medellìn,Timisoara, Kilfinane, Bruxelles). Depuis 2013, il développe une pratique singulière d’auscultation des territoires par le biais de la phonographie, art de la prise de son. Dans ce cadre, il a réalisé plusieurs Observatoires Phonographiques Sensibles comme celui de la Garonne en 2020 ou du Rhône en 2022. À l’heure de l’Anthropo/Capitalo-cène, plutôt que de vouloir dépeindre une Nature Désanthropisée, Sauvage et Pristine, il travaille à explorer les frontières poreuses entre humains et non-humains (Vivants & Vibrants) au contact des lieux qu’ils habitent et partagent. Ici, il s’appuie sur les zones de rencontres furtives (ou de frictions durables…) qui existent entre eux, pour composer des pièces où l’urgence des enjeux écologiques contemporains est rendue audible, palpable, à travers des compositions tendues, in-quiètes. Il enseigne depuis 2019 à l’École Nationale Supérieure d’Audiovisuel de Toulouse.