Luba Jurgenson est écrivaine et traductrice. Elle est maîtresse de conférences en littérature russe à l’université Paris-Sorbonne. Son champ de recherche est celui de la littérature des camps. Elle codirige, avec Anne Coldefy-Faucard, la collection de littérature russe « Poustiaki » aux éditions Verdier. Parmi ses publications : Création et tyrannie : URSS 1917 – 1991 (Sulliver, 2009), Au lieu du péril : récit d’une vie entre deux langues (Verdier, 2014), Le semeur d’yeux : sentiers de Varlam Chalamov (Verdier, 2022). Elle a notamment traduit en français les oeuvres de Nina Berberova et Marina Tsvetaeva, et les Récits de la Kolyma de Varlam Chalamov.
« Je me vois comme un être à deux têtes, à deux cultures, traversée par des courants d’air langagiers, habitant un espace entre deux langues (le français, ma langue d’écriture depuis 1977 et le russe, la langue de l’enfance), toujours prise par le souci de traduire le monde qui n’en finit pas de se revêtir d’opacité.
Les thèmes sur lesquels je travaille depuis plusieurs années sont : le destin de l’Europe et notamment, les deux totalitarismes (soviétique et allemand) et la façon dont ils ont façonné insidieusement l’esthétique européenne (et, partant, l’éthique). Mais aussi : comment ce réel-là se dérobe au dire, comment les mots pour le dire acquièrent leur vie propre en passant d’une langue à l’autre, comment l’être de la langue – ma seule véritable demeure – est toujours en exil du réel. » Luba Jurgenson