Rencontre avec la philosophe Barbara Stiegler
Si la crise sanitaire a révélé les failles du système néolibéral, montré l’incapacité du pouvoir politique et des « experts » à sortir d’un certain « idéalisme », bouleversé les hiérarchies des valeurs, il est à craindre qu’elle ne remette pas foncièrement en cause un agenda dominé par la croissance, la mondialisation, la compétition, l’innovation ou les solutions technologiques. Nous reviendrons avec Barbara Stiegler aux sources du néolibéralisme, à la manière dont cette pensée politique dominante s’appuie sur le lexique biologique de l’évolution et en appelle aux artifices de l’État (droit, éducation, protection sociale) pour transformer l’espèce humaine et son environnement et construire artificiellement le marché. Pour la philosophe, spécialiste des questions de soin, d’éthique et de santé, il est essentiel de repartir des luttes collectives et des initiatives démocratiques locales qui s’inventaient avant la pandémie pour établir un autre rapport à l’éducation, au travail, à la santé, à la justice sociale, et redonner du sens à l’État et aux institutions…
Modérateur : Joseph Confavreux (Journaliste à Médiapart)