
Barbara Stiegler est philosophe, professeure à l’université Bordeaux Montaigne. Elle est membre de l’Institut universitaire de France et responsable du Master « Soin, éthique et santé ». Elle est également membre du comité d’éthique du CHU de Bordeaux. Initialement spécialisée en philosophie allemande, ses premières recherches ont porté sur la question du corps vivant et sur les philosophies de la vie. Elle prolonge aujourd’hui ces recherches vers le champ politique, en s’intéressant aux sources biologiques du néolibéralisme. Elle a publié : Nietzsche et la biologie (PUF, 2001), « Il faut s’adapter » : Sur un nouvel impératif politique (Gallimard, 2019). Prochaine parution : Du cap aux grèves (Verdier, août 2020).
À propos de « Il faut s’adapter »
Présentation de l’éditeur :
D’où vient ce sentiment diffus, de plus en plus oppressant et de mieux en mieux partagé, d’un retard généralisé, lui-même renforcé par l’injonction permanente à s’adapter au rythme des mutations d’un monde complexe? Comment expliquer cette colonisation progressive du champ économique, social et politique par le lexique biologique de l’évolution?
La généalogie de cet impératif nous conduit dans les années 1930 aux sources d’une pensée politique, puissante et structurée, qui propose un récit très articulé sur le retard de l’espèce humaine par rapport à son environnement et sur son avenir. Elle a reçu le nom de «néolibéralisme» : néo car, contrairement à l’ancien qui comptait sur la libre régulation du marché pour stabiliser l’ordre des choses, le nouveau en appelle aux artifices de l’État (droit, éducation, protection sociale) afin de transformer l’espèce humaine et construire ainsi artificiellement le marché : une biopolitique en quelque sorte.
Il ne fait aucun doute pour Walter Lippmann, théoricien américain de ce nouveau libéralisme, que les masses sont rivées à la stabilité de l’état social (la stase, en termes biologiques), face aux flux qui les bousculent. Seul un gouvernement d’experts peut tracer la voie de l’évolution des sociétés engoncées dans le conservatisme des statuts. Lippmann se heurte alors à John Dewey, grande figure du pragmatisme américain, qui, à partir d’un même constat, appelle à mobiliser l’intelligence collective des publics, à multiplier les initiatives démocratiques, à inventer par le bas l’avenir collectif. Un débat sur une autre interprétation possible du sens de la vie et de ses évolutions au cœur duquel nous sommes plus que jamais.
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A lire
A voir, à écouter
- Portrait de Barbara Stiegler - Les Chemins de la philosophie
- Entretien Thinkerview mai 2019