© Carole Lozano

Carolina Kobelinsky est anthropologue, chargée de recherche an CNRS et membre du Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative à l’université Paris-Nanterre. Après avoir travaillé sur le traitement des demandeurs d’asile en France, à partir d’une ethnographie de l’attente au sein des centres d’accueil et d’une étude des pratiques de jugement à la Cour nationale du droit d’asile, elle consacre ses recherches sur les morts aux frontières de l’Europe. Elle interroge la gestion des corps retrouvés aux frontières sud de l’Europe (Espagne, Italie) et le devenir de ces morts « étrangers », ainsi que les imaginaires de la mort de celles et ceux qui traversent les frontières. Ce faisant, il s’agit de proposer une réflexion sur la violence du régime contemporain des frontières et de repenser le sens de la migration lorsqu’elle se fait au risque de la mort. Elle a publié avec Filippo Furri, Relier les rives. Sur les traces des morts en Méditerranée (La Découverte, 2024).

 

 

 

Bibliographie

Relier les rives

La Découverte, 2024

Sur le port de Catane, à l'est de la Sicile, des milliers de personnes en péril débarquent, accompagnées des corps de celles qui n'ont pas survécu à la traversée de la Méditerranée. Dans un contexte d'indifférence générale à cette hécatombe et un environnement politique marqué par la criminalisation des migrants, un petit groupe d'habitants et d'habitantes s'est mobilisé pour redonner un nom aux défunts et joindre leurs familles. L'ouvrage retrace cette initiative locale inédite, qu'aucune autorité nationale ou européenne n'avait entreprise jusque-là de façon systématique.
Au cours des visites répétées au cimetière, des lectures de dossiers administratifs et des enquêtes conduites pour suivre les pistes susceptibles de relier un corps à une histoire, un attachement particulier à ces inconnus naît. Le livre raconte les vies des morts auprès de celles et ceux qui les accueillent sur l'autre rivage. Il explore les tentatives collectives et intimes menées pour tracer un chemin entre nous et les autres.

Émaillé d'extraits de textes rédigés par des hommes et des femmes soucieux d'empêcher l'oubli, ainsi que des poèmes et des chansons qui donnent, à leurs yeux, sens à leur engagement, ce récit entend restituer la dimension sensible de leurs investigations. Il rend également perceptible la fragilité des liens invisibles et rarement mis en mots qui unissent des vivants à des morts dont ils ne savent (presque) rien.

Participations à La Manufacture d'idées

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