© Stefan Le Courant

Carolina Kobelinsky est chercheure en anthropologie au Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative du CNRS. Après avoir travaillé sur le traitement des demandeurs d’asile en France, à partir d’une ethnographie de l’attente au sein des centres d’accueil et d’une étude des pratiques de jugement à la Cour nationale du droit d’asile, elle consacre ses recherches sur les morts aux frontières de l’Europe. Elle interroge la gestion des corps retrouvés aux frontières sud de l’Europe (Espagne, Italie) et le devenir de ces morts « étrangers », ainsi que les imaginaires de la mort de celles et ceux qui traversent les frontières. Ce faisant, il s’agit de proposer une réflexion sur la violence du régime contemporain des frontières et de repenser le sens de la migration lorsqu’elle se fait au risque de la mort. Elle a coordonné les ouvrages La mort aux frontières de l’Europe (Le passager clandestin, 2017) et Multitude migrante (PUF, 2019) sous la direction de Michel Agier.

« Alors que j’étais en licence d’anthropologie à Buenos Aires, j’ai intégré, en tant que bénévole, l’équipe d’anthropologie médico-légale qui tente d’identifier les disparus de la dictature argentine en examinant les restes des corps retrouvés et en s’appuyant sur des témoignages de familles. Au moment de mon premier terrain, j’ai choisi d’étudier les trajectoires de migrants et j’ai donc laissé derrière moi cet engagement initial. À l’époque je ne pensais pas qu’il y aurait un lien entre les questions de migration et le travail en vue de l’identification de morts sans nom. Ce n’est que bien plus tard, quand mon regard s’est posé sur les frontières au sud de l’Europe, que ces enseignements lointains ont refait surface. Ils m’ont permis d’articuler une réflexion sur le traitement matériel et symbolique des disparus de la migration. » C. K

 

 

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