Dialogue entre l’anthropologue Anna Tsing et la romancière Maylis de Kerangal
animé par Xavier de La Porte, journaliste à L’Obs
Traduction : Fabienne Gondrand
En suivant la piste du matsutake, un champignon très apprécié au Japon, dont la particularité est de ne pousser que dans les forêts détruites ou perturbées par les activités humaines, l’anthropologue américaine Anna Tsing déploie une forme d’attention particulière aux vivants non-humains – forêts, champignons, sols – mais aussi aux cueilleurs de l’Oregon constitués de travailleurs précaires, de vétérans des guerres américaines, d’immigrés sans papiers. Un art de l’observation qui lui permet de tisser des liens entre les humains et les autres vivants, et de raconter des histoires communes de précarité, de coopération, d’adaptation. Elle s’entretiendra avec la romancière Maylis de Kerangal sur les manières d’élargir un récit aux non-humains et de réinventer des régimes narratifs et descriptifs capables de saisir les bouleversements de notre temps et de rendre compte des nouveaux mondes qui prolifèrent dans les ruines du capitalisme.
Anna Lowenhaupt Tsing est anthropologue. Elle enseigne à l’université de Californie à Santa Cruz et à l’université d’Aarhus au Danemark où elle travaille à l’élaboration d’un programme transdisciplinaire pour l’exploration de l’Anthropocène. Le champignon de la fin du monde. Sur la possibilité de vivre dans les ruines du capitalisme (La Découverte, 2017) est sa première publication en français.
Maylis de Kerangal est romancière. Parmi ses publications aux éditions Verticales : Naissance d’un pont (Prix Médicis, 2010), Réparer les vivants (2014), Un monde à portée de main (2018). Son dernier livre, Kiruna, un reportage sur l’une des plus grandes exploitations minières encore en activité, est paru aux éditions La Contre-Allée en janvier 2019.