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Hervé Mazurel est historien et musicien. Il est maître de conférences à l’université de Bourgogne à Dijon. Spécialiste de l’Europe romantique et historien des corps, des affects et des imaginaires, ses travaux portent sur les relations de l’inconscient et de l’histoire. Il est ainsi l’auteur de Kaspar l’obscur ou l’enfant de la nuit (La Découverte, 2020) et de L’inconscient ou l’oubli de l’histoire (qui paraîtra à La Découverte en août 2021). Durant la première épidémie de covid-19, il a lancé avec la psychanalyste Elizabeth Serin une grande collecte intitulée « rêves de confins » et a cofondé avec elle le Laboratoire de psychanalyse nomade. Il a également cofondé  la revue transdisciplinaire Sensibilités. Histoire, critique et sciences sociales avec Clémentine Vidal-Naquet, Quentin Deluermoz, Christophe Granger et l’éditrice Chloé Pathé (Anamosa). Comme musicien, il a été membre des groupes Jack the Ripper, The Fitzcarraldo Sessions et Valparaiso.

À propos de Kaspar l’obscur ou l’enfant de la nuit

Présentation de l’éditeur

Le 26 mai 1828, Kaspar Hauser fit son apparition sur une place de Nuremberg. Ce jeune homme, qui semblait avoir 16 ou 17 ans, savait à peine marcher. Il n’avait pas cinquante mots en bouche et ne pouvait dire d’où il venait, ni où il allait. On l’aurait dit échappé de la Caverne de Platon. Il demeure à ce jour l’un des plus célèbres « enfants sauvages ». Ayant grandi séquestré, coupé de tout contact humain, il fut arraché à une nuit insondable pour naître au monde une seconde fois. Rien ne le rattachait à son époque, pas même à un groupe social ou une génération. Kaspar ignorait jusqu’à la différence homme-femme. Il habitait un corps étrange et dissonant, vierge de toute socialisation. On découvrit bientôt sa sensorialité inouïe, sa vie émotionnelle intense. Du moins jusqu’à ce qu’il apprenne, douloureusement, les mœurs et usages de son temps, non sans être devenu, la rumeur enflant, l’orphelin de l’Europe. Le plus probable est que Kaspar Hauser ait été un prince héritier, écarté d’une succession par une sombre intrigue de cour. Son assassinat, cinq ans plus tard, semble le corroborer. Le plus intéressant, toutefois, ne réside pas tant dans le mystère de ses origines ou l’énigme de sa mort que dans la capacité de cette histoire tragique, aux accents œdipiens, à en dire long sur la culture, sur nos façons d’arraisonner le monde. L’examen approfondi de cette trajectoire aberrante révèle aussi, par son anomalie même, jusqu’à quelles secrètes profondeurs le social et l’histoire s’inscrivent d’ordinaire en chacun de nous. Ce qui laisse soupçonner derrière cette vie minuscule un cas majuscule des sciences humaines et sociales.

 

 

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  • La Suite dans les idées (29/08/2020) - Kaspar Hauser, vie minuscule cas majuscule