Conférence de l’anthropologue Philippe Descola
Léonard de Vinci définissait la peinture comme cosa mentale, littéralement vue de l’esprit. On ne figure que ce que l’on perçoit ou imagine, et l’on n’imagine ou ne perçoit que ce que l’habitude nous a enseigné à discerner. Le chemin visuel que nous traçons spontanément dans les plis du monde dépend de notre appartenance à l’une des quatre régions de l’archipel ontologique (animisme, naturalisme, totémisme ou analogisme) identifiées et décrites par Philippe Descola dans son maître-livre Par-delà nature et culture. Chacune de ces régions correspond à une façon de concevoir l’ossature du monde, d’en percevoir les continuités et les discontinuités, les lignes de partage entre humains et non-humains. D’un paysage miniature de la dynastie des Song à un masque yup’ik d’Alaska, d’un tableau d’intérieur hollandais du XVIIème siècle à une peinture sur écorce aborigène, Philippe Descola nous montrera l’étourdissante diversité des images et les schèmes figuratifs qu’elle peuvent révéler.