Dialogue entre la philosophe Vinciane Despret et l’anthropologue Heonik Kwon,
animé par l’anthropologue Grégory Delaplace
Spécialiste de la guerre du Vietnam, Heonik Kwon a décrit dans son travail les pratiques d’hospitalité vis-à-vis des âmes errantes, à l’issue des conflits qui ont ravagé le pays durant des décennies. Des fantômes de la guerre qui abondent encore dans les villages aujourd’hui. Réintégrer les morts ennemis aux ancêtres familiaux, les adopter comme ses morts à soi, en quelque sorte, est devenu la condition de la réconciliation nationale et le chemin possible d’une véritable paix. Heonik Kwon s’entretiendra de cette diplomatie cosmique avec Vinciane Despret, qui depuis plusieurs années explore la manière dont des personnes continuent d’entretenir des liens avec des proches disparus, dans des formes inventives : faire des choses que le mort ne peut plus assumer, lui demander de l’aide, rêver de lui, rappeler son existence par des gestes, des rituels. Des pratiques à travers lesquelles elles opposent leur refus à une conception dominante de la mort et à la mise à l’écart sociale des défunts.
Vinciane Despret est philosophe, professeure à l’université de Liège (Belgique). Elle a notamment publié au éditions La Découverte : Que diraient les animaux… si on leur posait les bonnes questions ? (2012) et Au bonheur des morts (2015).
Heonik Kwon est un anthropologue coréen. Il enseigne à l’université de Cambridge (Angleterre). Ses ouvrages sur l’histoire de la guerre du Vietnam (Ghosts of war in Vietnam) et de la guerre froide (The Other Cold War) ont été récompensés de nombreux prix. Il a publié « Les voisins invisibles » dans le n° 69 de la revue Terrain.