La force politique des images, Rencontre avec Patrick Boucheron

vendredi 30 mai 2014

14:30

Réservations terminées

Vendredi 30 mai : 14h30 – Entrée libre

boucheron137<a class='lien_invite' href='https://lamanufacturedidees.org/2016/03/02/boucheron-patrick-2/' srcset=Patrick Boucheron" width="200" height="300" srcset="https://lamanufacturedidees.org/wp-content/uploads/2013/12/P.Boucheron2©UlfAndersen-copie-200x300.jpg 200w, https://lamanufacturedidees.org/wp-content/uploads/2013/12/P.Boucheron2©UlfAndersen-copie-683x1024.jpg 683w, https://lamanufacturedidees.org/wp-content/uploads/2013/12/P.Boucheron2©UlfAndersen-copie-768x1151.jpg 768w, https://lamanufacturedidees.org/wp-content/uploads/2013/12/P.Boucheron2©UlfAndersen-copie.jpg 801w" sizes="(max-width: 200px) 100vw, 200px" />Conjurer la peur, le dernier ouvrage de Patrick Boucheron, retrace la « fresque du bon gouvernement » peinte par Lorenzetti dans le palais communal de Sienne en 1338. Patrick Boucheron reviendra sur le sens politique de cette œuvre légendaire et sur ce qui fait son actualité.

 

 

« D’où viendra le danger ? L’un lève les yeux au ciel, l’autre jette un regard de côté. Deux soldats, pressés l’un contre l’autre par la mate assurance des armes, confrontent leurs solitudes apeurées. Ils furent peints par Ambrogio Lorenzetti, comme en état d’urgence. C’était en 1338, dans le palais public de Sienne, tandis que rôdait le spectre de la seigneurie, ébranlant l’idée même de bien commun.

Ils ne sont qu’un détail de ce que l’on appelle aujourd’hui « La fresque du bon gouvernement ». Vous ne connaissez peut-être pas son nom, mais vous l’avez déjà vue. Elle se déploie sur trois des murs de ce lieu de peinture. Au nord paradent de belles et impassibles jeunes femmes, allégories de beaux noms sonores : ici, la Justice, plus loin, la Concorde. À l’ouest, une longue paroi étale sa réplique funeste, la cour des vices, et une ville en proie au brasier de la haine sociale. À l’est, au contraire, on s’affaire et on danse, dans la tranquille assurance d’une cité en paix, senza paura.

Il est une actualité de cette peur ancienne qui hante toujours notre modernité. Elle saisit à nouveau dès lors qu’on laisse venir la force politique des images. Car ce qui fait le bon gouvernement n’est pas la sagesse des principes qui l’inspirent ou la vertu des hommes qui l’exercent. Mais ses effets concrets, visibles et tangibles sur la vie de chacun. En les regardant en face, sans doute a-ton quelque chance de repousser, pour un temps, la trouble séduction de la tyrannie. La peinture de Lorenzetti est le récit fiévreux de ce combat politique toujours à recommencer. » Patrick Boucheron