Donna Haraway est une philosophe et biologiste américaine. Elle est professeure émérite de philosophie à l’Université de Californie de Santa Cruz au sein du département d’Histoire de la conscience. Ses ouvrages ont joué un rôle considérable dans les recherches menées en anthropologie, philosophie, études des sciences et humanités environnementales. Elle s’est d’abord fait connaître par ses travaux d’histoire des sciences d’un point de vue féministe et décolonial, dont est issu le Manifeste cyborg (1985), son texte le plus connu de cette période. Depuis 2003, elle a réorienté son travail sur les relations qui lient les êtres vivants entre eux et avec les êtres humains. Donna Haraway cherche à faire émerger ces liens depuis les pratiques scientifiques, mais également depuis des relations aussi ordinaires que celles qui lient un chien à son maître ou, comme dans son livre le plus récent, Vivre avec le trouble, depuis des zones cruciales de destructions écologiques (comme la Grande Barrière de Corail ou la montagne de Black Mesa au Colorado). Parmi ses publications en français : Manifeste cyborg et autres essais (Exils, 2007), Des singes, des cyborgs et des femmes. La réinvention de la nature (Jacqueline Chambon, 2009), Vivre avec le trouble (Éditions des mondes à faire, 2020), Quand les espèces se rencontrent (La découverte, 2021).

 

La parution de Vivre avec le trouble a constitué un événement de première importance dans les différents milieux – académiques, artistiques, politiques – auxquels le livre s’adresse.La question centrale posée par l’ouvrage est de savoir comment vivre dans la catastrophe. Donna Haraway propose de considérer le problème de la destruction écologique comme la matière même de ce sur quoi nous pouvons agir et ce à partir de quoi nous pouvons penser. Pour elle, il n’y a pas de solution à la catastrophe, mais des manières plus ou moins pertinentes et enrichissantes de faire-avec, de collaborer avec d’autres êtres vivants et d’autres composants du monde qui nous accompagnent dans cette situation nouvelle. Parcourant des terrains très divers, elle raconte les formes de cohabitation et de conflictualité qui peuvent s’établir entre les êtres humains, les animaux, les bactéries, les végétaux. Selon elle, notre capacité de répondre ne peut s’établir et se déployer que depuis l’intérieur de ces entrelacements agités, car si ce sont ces liens que la catastrophe fragilise, c’est aussi à partir d’eux que de nouvelles puissances émergent.