Vinciane Despret est philosophe et psychologue, chercheuse et enseignante au département de philosophie de l’université de Liège . Spécialisée en éthologie, ses recherches ont d’abord porté sur les relations des scientifiques avec les animaux et les formes de savoirs pouvant se constituer à partir de ces relations. Depuis, elle nous invite à interroger nos manières de cohabiter avec le vivant en articulant philosophie et écologie. Ses travaux l’ont également conduite à s’intéresser à la place des morts dans nos sociétés et à la manière dont les personnes entretiennent des relations souvent inventives avec leurs défunts. Dans son dernier livre, Les morts à l’œuvre (La Découverte, 2023), elle raconte cinq histoires où des morts proches ou éloignés dans le temps ont obligé les vivants à leur donner une nouvelle place. Parmi ses publications : Que diraient les animaux si… on leur posait les bonnes questions ? (La Découverte, 2012), Au bonheur des morts (La Découverte, 2015) , Habiter en oiseau (Actes Sud, 2019), Autobiographie d’un poulpe et autres récits d’anticipation (Actes Sud, 2021), Les morts à l’oeuvre (La Découverte, 2022).

 

Les morts peuvent faire agir les vivants, mobiliser ceux qui restent autour de questions qui touchent à la vie collective, à l’érosion des liens sociaux, à des événements qui les dépassent ou dont l’ampleur ou la violence pourrait les détruire, annihiler ce à quoi ils sont attachés. Les morts peuvent aider les vivants à transformer le monde. Dans ce livre, Vinciane Despret nous raconte cinq histoires où des morts proches ou éloignés dans le temps ont obligé les vivants à leur donner une nouvelle place. Ces morts  » insistent  » parce qu’il y a eu quelque chose d’injuste dans le sort qui a été le leur : victimes de violence, commandos d’Afrique et de Provence, sacrifiés politiques à la raison du plus fort… Ceux qui restent ont décidé de répondre à cette insistance en commandant une œuvre grâce à un protocole politique et artistique nommé le programme des Nouveaux Commanditaires. Ce protocole consiste à choisir un artiste et à décider en commun d’une œuvre. Il va transformer en profondeur les commanditaires.
Cela n’a rien à voir avec le deuil dans sa forme autoritaire (quand les théories psychologiques enjoignent à l’oubli). C’est avec la vie, celle qui n’est plus mais qui est encore d’une autre manière, celle qui résiste à son effacement, que ce faire avec provoque une étonnante série de métamorphoses.